mercredi 18 février 2015

Colloque sur la littérature actuelle avec plusieurs écrivains québécois

Venez entendre Mathieu Arsenault, Simon Boulerice, Philippe Charron,Dominique Fortier, Daniel Grenier, Perrine Leblanc et Marie Hélène Poitras aborder leur processus d'écriture et réfléchir à la question des territoires, des genres et du numérique dans leur démarche créatrice. 


Exercice d'écriture sur la narration: le temps

À la manière de Georges Perec dans « L'inventaire des lieux où j'ai dormi », décrivez dans un texte court de 30 lignes maximum une chambre dans laquelle vous avez dormi dans votre jeunesse. Rien de plus intime qu'une chambre. Mais pour cet exercice, je vous demande d'évacuer tout ce qui est indiscret et privé et de vous en tenir à la description. Ce qu’on voit de la fenêtre. Les cachettes qu’on s’y fait. Les saisons. Les bruits, bruits de la journée, bruits du dimanche, les bruits de la nuit. Les détails qu’on voit parce qu’on est là longtemps : défauts du sol, inventaire des objets fixes. Ce qu’il y a sur les murs....

Parlez depuis le présent, l'ici et le maintenant, pour évoquer ce souvenir d'une chambre d'enfance afin de jouer sur l'alternance des temps du présent et du passé comme dans l'extrait de Perec:


«À droite, une table de toilette à dessus de marbre, avec une cuvette et un pot d’eau, dont je ne crois pas m’être beaucoup servis.
Je suis presque sûr qu’il y avait une reproduction encadrée sur le mûr de gauche, en face du lit : non pas n’importe quel chromo, mais peut-être un Renoir ou un Sisley.
Il y avait du linoléum sur le sol. Il n’y avait ni table, ni fauteuil, mais peut-être une chaise sur le mur de gauche : j’y jetais mes vêtements avant de me coucher ; je ne pense pas m’y être assis : je ne venais dans cette chambre que pour dormir. Elle était au troisième étage de la maison, je devais faire attention en montant les escaliers quand je rentrais tard pour ne pas réveiller la logeuse et sa famille.

Comme un mot ramené d’un rêve restitue, à peine écrit, tout un souvenir de ce rêve, ici, le seul fait de savoir (sans presque même avoir eu besoin de le chercher, simplement en s’étant étendu quelques instants et ayant fermé les yeux) que le mur était à ma droite, la porte à côté de moi à gauche (en levant le bras, je pouvais toucher la poignée), la fenêtre en face, fait surgir, instantanément et pêle-mêle, un flot de détails dont la vivacité me laisse pantois…»
Georges Perec, Espèces d’espaces, Galilée, 1974.

mardi 17 février 2015

Appel à candidatures pour le magazine Nouveau Projet

Appel à candidatures! Le magazine Nouveau Projet cherche des propositions pour ses prochains bédéreportages.

Vous êtes illustrateur/ice, bédéiste, dessinateur/ice, vous habitez au Québec et vous avez une idée formidable de reportage dessiné pour le magazine (entre 10 et 12 planches)? Que vous travailliez seul(e) ou en tandem avec un(e) journaliste, cela pourrait très fort nous intéresser. Envoyez votre portfolio et un synopsis détaillé avant le 30 mars 2015 à redaction@atelier10.ca. Si votre travail nous plait nous serons ravis de le publier dans un prochain numéro (avec rémunération, bien sûr).
PS: Si vous êtes journaliste ou auteur(e) et que vous avez une bonne idée mais personne pour la réaliser, écrivez-nous toujours, nous pourrions vous mettre en relation avec un dessinateur lui aussi orphelin!

vendredi 13 février 2015

Exercice 5: la narration




Cette semaine, nous allons explorer différents aspects de la narration (le narrateur, le point de vue, le temps du récit...) Nous travaillerons à partir de cette image pour écrire de courts textes de 30 lignes maximum avec différentes contraintes: texte à la première, deuxième ou troisième personne du singulier ou du pluriel ; texte au présent ou au passé ; texte à la forme passive/active ; texte à la forme affirmative/interrogative...


Pour vous préparer, vous disposez des textes distribués la semaine dernière en classe:

  • la narration au «tu» avec l'extrait d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur, 1981.
  • la narration au «je» avec l'extrait d'Anne Gauthier, De dieu et de ma demande de camisole de force, 2005. Dans le recueil de texte, vous avez aussi l'extrait d'Annie Ernaux et d'Edouard Levé, qui font une utilisation particulière, collective ou dépersonnalisée, de la première personne du singulier.
  • la narration au «nous» avec l'extrait d'Agora Kristof, Le grand cahier, 1986.
  • la narration au «vous» avec l'extrait de Marguerite Duras, La maladie de la mort, 1982, qui se trouve dans votre recueil.
  • pour la troisième personne, je vous renvoie à l'extrait de Nathalie Sarraute, Tropismes, 1957 de votre recueil.


  • Pensez aussi à l'extrait de Sophie Divry, La condition pavillonnaire, 2014 que je remets ci-dessous. Sa narration à la deuxième personne et sa variation constante des temps entre présent et passé en font un bon texte de départ pour réfléchir aux questions d'énonciation et de narration:



mardi 3 février 2015

Appels: Ateliers de création et micro-ouvert à La Passe

La Passe est à la fois un atelier typographique et une librairie, un pôle de réflexion et d'action, un cri de ralliement, un tumulte qui s'organise. Elle réside au coeur de la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie. Ce dernier ayant été secrétaire personnel de Gaston Miron et directeur général des éditions Parti-Pris, la Médiathèque conserve plus de 35 000 imprimés, des centaines d’affiches et d’heures de vidéo, témoins de l’effervescence du Québec des années 60 et 70. C’est dans ce milieu culturel que La Passe invite les amateurs de poésie, de musiques d’avant-garde et de contre-culture à se retrouver.


Une fois par mois, La Passe offre les ateliers Vendencres: un micro-ouvert suivi d'un atelier d'écriture. Le prochain a lieu le 18 février à 19h30.

La typographie pour écrire un dialogue

Les règles de mise en page et de typographie dans l’écriture des dialogues

Avant de s’attaquer aux choses amusantes, à savoir le fond du dialogue, il est nécessaire d’évoquer les règles de bases concernant la forme. Allons, inutile de protester : nous commencerons par cette partie relativement peu sexy mais ô combien nécessaire qu’est la typographie ! Car comme tout le reste du texte, il est important que vos dialogues soient correctement mis en page. Cela jouera non seulement sur leur clarté, mais aussi sur l’image que vous dégagerez au lecteur. En effet, un texte dans lequel les dialogues ne sont pas mis en forme correctement aura toutes les chances de passer pour amateur auprès d’un œil averti.
Bonne nouvelle : vous aurez le choix entre deux types de ponctuation EXCLUSIVES (je sais bien qu’elles n’ont rien d’exclusives, mais j’essaie de vous vendre correctement cet article pour ne pas que vous abandonniez la lecture en route !) :

a) Utiliser les guillemets

Selon moi la mise en forme la plus contraignante, mais aussi celle qui plaira le plus aux typographes radicaux ! L’utilisation de nos jolis guillemets françaises (à ne pas confondre avec les guillemets « pattes de lapin » comme disait une ancienne prof de français) permet d’encadrer vos dialogues comme il se doit !
Le guillemet va ouvrir chaque dialogue, mais sera remplacé par un tiret durant les répliques suivantes. Un nouveau guillemet viendra fermer le dialogue, comme ceci :
« Yo ! Comment vas-tu ? [Début du dialogue : j’ouvre les guillemets]
 Je vais super bien, yo ! [Première réplique : j’utilise le tiret]
 Cool, yo ! » [Deuxième et dernière réplique, introduite par un tiret. Fin du dialogue : je ferme les guillemets]
(Bon, certes, ce dialogue n’est pas brillant : mais concentrez-vous sur la forme !)
Là où l’usage des guillemets est plus fatiguant, c’est lorsque vos dialogues ne sont pas de simples répliques posées les unes à la suite des autres, mais qu’elles sont habilement entrecoupées d’incises narratives. Si l’incise est courte, et donc accolée à la réplique (par exemple le classique : « ,dit-il. » ), alors vous n’aurez pas à fermer les guillemets. En revanche, dès lors que vous utilisez une phrase narrative complète, il faudra fermer, puis rouvrir les guillemets. Dans notre brillant exemple, cela donnerait donc :
 « Yo ! Comment vas-tu ? lança Gérard avec entrain. [L’incise est courte, je ne ferme pas les guillemets]
— Je vais super bien, répondit Michel en bombant le torse, yo ! » [Nouvelle incise courte]
Heureux de cette nouvelle, Gérard décide de chanter sa joie. [Incise longue (phrase entière), j’ai donc fermé les guillemets à la fin de la réplique précédente.]
« Cool, yo ! », finit-il néanmoins par déclarer, heureux de mettre fin à ce dialogue honteux. [J’ouvre à nouveau les guillemets pour reprendre et terminer le dialogue. Je ferme les guillemets avant l’incise courte car le dialogue est cette fois-ci terminé.] 

b) Utiliser les tirets

Notre deuxième option est un poil plus conciliante, puisqu’elle consiste en l’utilisation exclusive de tirets. Finies les questions existentielles du type « Où dois-je fermer ces saloper*es de guillemets « , ou encore « J’ai déjà fermé les guillemets là ou pas ? « . Ce choix est de plus en plus choisi dans l’édition actuelle, certainement mis au goût du jour par une sinistre machination américaine.
L’idée est de commencer un dialogue par le tiret. Sans guillemet d’ouverture, vous n’aurez pas non plus à intégrer de guillemet de fermeture. Vous êtes tranquille !

c) Petites règles à retenir

Que vous choisissiez la première ou la seconde méthode (le choix est totalement vôtre), il reste quelques règles générales à retenir pour ne pas vous louper sur la typographie :
  • Utiliser le tiret cadratin : Je suis un très mauvais exemple car je l’utilise rarement, mais sachez que le tiret à utiliser pour les dialogues n’est pas un bête « tiret du 6 « , mais un tiret cadratin, à savoir ceci : —. Pour le taper, il « suffit » généralement de combiner les touches Ctrl+Alt+Tiret du pavé du numérique.
  • Les espaces : Un guillemet est toujours encadré par des espaces. Il faut également toujours laisser un espace après le tiret.
  • Les incises : Les incises sont les précisions narratives que vous pouvez glisser après un dialogue, le fameux « dit-il » par exemple. Sachez qu’une incise ne commence jamais par une majuscule. Si votre réplique se termine par un point, l’incise sera introduite par une virgule (la phrase « — Je vais bien.  » donnera ainsi « — Je vais bien, dit-il.  » ). Si votre réplique se termine par un point d’interrogation ou d’exclamation, l’incise sera placée directement après, sans majuscule (la phrase « — Comment vas-tu ?  » deviendra alors « — Comment vas-tu ? demanda-t-il.  » ). Méfiez vous des correcteurs orthographiques qui insistent bien souvent pour placer des majuscules en début des incises !

d) Écrire des répliques longues

Je profite d’une question posée dans les commentaires pour évoquer le cas desrépliques longues dans un dialogue. Si d’aventure l’un de vos personnages devient trop prolixe et entame un dialogue long ou un discours interminable, il se peut que vous ayez à passer un paragraphe dans une réplique de dialogue. En effet, une réplique trop longue d’un personnage peut vite enlaidir une mise en page.
Il vous faudra alors introduire le second paragraphe d’une même réplique (et les suivants) par un signe qui précise qu’il s’agit toujours du dialogue. La tradition typographique employait alors une guillemet fermante (»), ce qui ironiquement paraît assez choquant aujourd’hui. Vous pouvez donc également utiliser une guillemet ouvrante («) au début du nouveau paragraphe.
Enfin, libre à vous de créer votre propre mise en page pour une réplique longue, l’essentiel est que votre second paragraphe de réplique soit facilement distingué d’unparagraphe de narration. Par ailleurs, vous devez vous tenir à une seule mise en page pour les répliques longues tout au long d’un ouvrage.
Je vais vous donner ici un exemple de dialogue avec une réplique longue, en utilisant la guillemet ouvrante :
— Oh non, Gérard, lança Michel en grimaçant, je sens que tu vas encore nous faire une de ces longues tirades dont tu as le secret ! [j’utilise ici une mise en page « moderne » sans guillemets d’ouverture]
— Moi, faire de longues tirades ? s’offusqua Gérard, vexé. Tu plaisantes ? Jamais, ô grand jamais on ne m’a accusé avec une telle fourberie. Incision et rapidité de propos sont les qualités qu’on m’attribue régulièrement. Les longues tirades sont pour les pleutres, pour les politiciens, pour les menteurs ! Comment toi, ami de longue date, peux-tu ne serait-ce qu’oser insinuer que mes répliques sont longues ?[Premier paragraphe d’une longue réplique]
« A la vérité, mon cher ami Michel, je pense que tu es jaloux. Jaloux de ma prestance, jaloux de mon charisme. Ô, toi, qui aime parler pour ne rien dire, tu as du mal à concevoir que je sois à ce point capable de rendre mes phrases concises et claires ! Mais je ne t’en veux pas Michel, car je reste magnanime en toute circonstance. A ce propos : de quoi parlait-on, déjà ? [Second paragraphe et fin de la longue réplique. Je n’ai pas utilisé ici de guillemet fermante à la fin de la réplique car ma mise en page est moderne (avec tirets uniquement). La guillemet ouvrante n’a donc servi qu’à montrer que nous étions toujours dans le dialogue. Si nécessaire, vous pouvez ajouter autant de paragraphes que voulu. Chaque nouveau paragraphe sera introduit par une guillemet ouvrante]
— Gérard, tu es un incorrigible fripon ! s’amusa Michel, qui ne pouvait décidément pas en vouloir à son ami. [La longue réplique de Gérard est terminée, j’utilise donc un tiret pour indiquer que c’est son interlocuteur Michel qui a repris la parole] 
Source: http://lesoufflenumerique.com/2012/10/23/typographie-ecrire-des-dialogues/

Exercice 4 - Le récit non-fictif

À partir d'un fait divers ou d'un événement réel, écrivez un récit de 1400 mots maximum.

Définition du récit non-fictif pour le concours Radio-Canada :
Les «  récits  » comprennent autant les mémoires, les biographies, les textes humoristiques, que les essais (y compris les essais personnels), les récits de voyage et les articles de fond. L'histoire décrite doit être réelle et vécue, et l'auteur doit transmettre son message en utilisant des techniques littéraires (description des personnages et des lieux, intrigue, dialogues, récit et réflexion personnelle). Le récit doit clairement faire ressortir le point de vue de l'auteur. Les œuvres doivent être écrites dans un langage accessible au grand public (et non à un public de spécialistes ou  d'universitaires).



Exemples de récits non-fictifs:

Les lauréats du prix Radio-Canada des années précédentes. 
Les récits anonymes du site Raconterlavie.fr
Les essais et histoires de David Sedaris sur le New Yorker


Les adaptations cinématographiques d'oeuvres inscrites dans le journalisme narratif:

Truman Capote de Benett Miller
Las Vegas Parano de Terri Gilliam (adapté du livre de Hunter S. Thomson)
Gonzo: The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson, un documentaire sur le journlaisme gonzo de Hunter S. Thomson