mercredi 18 février 2015

Exercice d'écriture sur la narration: le temps

À la manière de Georges Perec dans « L'inventaire des lieux où j'ai dormi », décrivez dans un texte court de 30 lignes maximum une chambre dans laquelle vous avez dormi dans votre jeunesse. Rien de plus intime qu'une chambre. Mais pour cet exercice, je vous demande d'évacuer tout ce qui est indiscret et privé et de vous en tenir à la description. Ce qu’on voit de la fenêtre. Les cachettes qu’on s’y fait. Les saisons. Les bruits, bruits de la journée, bruits du dimanche, les bruits de la nuit. Les détails qu’on voit parce qu’on est là longtemps : défauts du sol, inventaire des objets fixes. Ce qu’il y a sur les murs....

Parlez depuis le présent, l'ici et le maintenant, pour évoquer ce souvenir d'une chambre d'enfance afin de jouer sur l'alternance des temps du présent et du passé comme dans l'extrait de Perec:


«À droite, une table de toilette à dessus de marbre, avec une cuvette et un pot d’eau, dont je ne crois pas m’être beaucoup servis.
Je suis presque sûr qu’il y avait une reproduction encadrée sur le mûr de gauche, en face du lit : non pas n’importe quel chromo, mais peut-être un Renoir ou un Sisley.
Il y avait du linoléum sur le sol. Il n’y avait ni table, ni fauteuil, mais peut-être une chaise sur le mur de gauche : j’y jetais mes vêtements avant de me coucher ; je ne pense pas m’y être assis : je ne venais dans cette chambre que pour dormir. Elle était au troisième étage de la maison, je devais faire attention en montant les escaliers quand je rentrais tard pour ne pas réveiller la logeuse et sa famille.

Comme un mot ramené d’un rêve restitue, à peine écrit, tout un souvenir de ce rêve, ici, le seul fait de savoir (sans presque même avoir eu besoin de le chercher, simplement en s’étant étendu quelques instants et ayant fermé les yeux) que le mur était à ma droite, la porte à côté de moi à gauche (en levant le bras, je pouvais toucher la poignée), la fenêtre en face, fait surgir, instantanément et pêle-mêle, un flot de détails dont la vivacité me laisse pantois…»
Georges Perec, Espèces d’espaces, Galilée, 1974.

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